Auteur-compositeur et interprète amiénois, Étienne Détré délivre une pop française douce et ardente. Muni de sa flûte traversière, ce multi-instrumentiste dégaine à loisirs des sonorités électroniques et organiques, dans une langue française imagée qu'il partage avec Bertrand Belin et Étienne Daho.

 

Cet enfant de la Baie de Somme a pourtant d’abord le blues comme premier allié, sa rencontre avec le tonitruant “Voodoo Child” de Jimi Hendrix le poussant même à reprendre le chemin du conservatoire après un hiatus adolescent. “La façon dont il faisait gueuler sa guitare a été une renaissance” pour le jeune homme. Éclectique au possible, Détré se forme également à la musique électronique et développe une admiration pour Aphex Twin, Birds of Canada et Massive Attack.

 

2018. D’abord frontman d’un groupe de Britpop (dans lequel il chante en toute logique en anglais), il revient vite au français. “C’était le seul moyen d’exprimer ce que je ressentais vraiment, d’explorer les tréfonds de mon âme,” explique-t-il. Chanter dans sa langue maternelle signifie aussi arrêter le rock, pour échapper au délit de ringardise : “La langue française est trop exigeante pour ça !”

 

Qu’à cela ne tienne, ce sera seul qu’il montera désormais sur scène. “C’est en voyant Voyou en live que je me suis dit que moi aussi, je pouvais le faire,” confie le musicien. D’abord entouré de loopers, samplers et autres synthés, il fait ses premières armes… sans jamais délaisser ses premiers amours. Toujours épaulé de sa flûte, il sculpte son son avec une précision musicale impressionnante. Et en 2021, il s’improvise vagabond céleste et entreprend un premier voyage de quatre titres baptisé Chute Libre. 

 

Poussé par un désir d’introspection grandissant, il s’extirpe de ses rêveries cosmiques et d’adjoint les services du batteur Jocelyn Soler (Verlatour), du bassiste Matthias Colombel et du réalisateur Ronan Mézière (Edgar) pour enregistrer un deuxième EP au titre évocateur : La Fugue. Fini les étoiles, c’est la tête dans des embruns brumeux que n’auraient renié ni Stanley Kubrick ni Miloš Forman qu’on retrouve Étienne Détré. Déployant son imaginaire baroque au détours de six titres post romantiques, il distille une folie en lente ébullition, truffée de mots doux et de mélodies brûlantes. Naïf incandescent, Étienne Détré spationaute est désormais hipster gothique aux violentes envies d’ailleurs, d’autrement. D’une chanson française sans borne, glorieuse pour toute éternité. 

 

Équilibriste doux-dingue brillant de musicalité, il conjugue moderne au passé, bien décidé à s'inscrire dans le futur de la nouvelle scène française.