JESSICA SAVAL
Éternel métronome, Adrien Rouyer le serait encore si l’appel du micro ne s’était pas récemment fait plus pressant. Force presque tranquille de Liquid Bear depuis 2018, il se fait un nom sur la scène rock parisienne comme un batteur de précision dont la frappe fortement inspirée par Ian Paice insuffle un groove imparable jusque dans les compositions les plus alambiquées du groupe de rock progressif.
Bien que passé maître dans l’art de la désynchronisation, il a sans cesse l’impression de sacrifier sa voix au profit de sa batterie... et vice versa. Ce batteur par accident s’est en effet toujours rêvé chanteur, et ce depuis son plus jeune âge. Rencontrant tour à tour les Pet Shop Boys et Supertramp à l’aube de ses 13 ans, il s’inspire des voix joyeusement infectieuses de Neil Tennant et Roger Hodgson pour trouver la sienne.
Il faudra pourtant près de 10 ans à Adrien pour coucher ses premiers mots sur le papier, et un confinement pour que de son amitié avec le chanteur et bassiste de Liquid Bear, Kostia R. Yordanoff, naisse une collaboration pérenne. Si les deux artistes ne partagent d’abord que des reprises de leurs morceaux préférés, ils se mettent rapidement à composer ensemble. En résulte un premier EP collaboratif baptisé Hate to Say It, But Each Other’s All We've Got sorti le 17 mars 2023, sur lequel Adrien se présente tantôt en frontman taquin sur "Don’t Take Me for a Sucker", tantôt en crooner Elton Johnien sur "Pretty Please".
Et si le duo est loin d’avoir dit son dernier mot, Adrien sortira également un premier EP solo en février 2024, où il aura à loisir de tracer cette nouvelle route sur laquelle il est désormais lancé.
Naviguant entre des rythmes classic rock et des influences pop plus modernes, il convoque d’un vers à l’autre Art Garfunkel et Tame Impala non sans imposer son rythme, truffé de sourires et d’une pointe de nostalgie. Après tout,
chassez le batteur, il revient toujours au studio ! Reste que tout cela, il ne l’avouera jamais. Caché derrière ses lunettes noires, il assume sa lumière avec une difficulté charmante. Une modestie qui n’est que l’ombre d’un talent d’interprète avec lequel il faudra dorénavant compter.